120 km de soleil, de pluie, de vent et de sable
Après quelques jours de repos à Soni Yuqi, histoire d'attendre un peu que le genou de Julie dégonfle après les efforts des derniers jours, nous sommes repartis vers le nord, vers la frontière, pour nos derniers 120 km en Chine. Cette fois, il n'y a plus d'alternative, nous allons devoir suivre la route principale, une 2x2 voies (!) et nous appréhendons malgré tout le trafic qu'il peut y avoir dans ce coin perdu. Nous aurons l'occasion de suivre l'ancienne route que la nouvelle a recouverte sur la majorité du parcours mais qui reste accessible par tronçons. Sinon c'est le bord de l'autoroute, heureusement très peu passante. Nous sommes régulièrement complètement seuls sur le bitume, avec pourtant une visibilité de plusieurs km. L'infrastructure anticipe les besoins et précede l'arrivée de la population. Nous vous donnerons des détails dans un autre post.
Bien sûr, au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans le Gobi, le désert est de plus en plus présent. Du sable très fin puis parfois une zone un peu plus verte après une petite colline, puis à nouveau du sable, puis une végétation d'épineux ou de petits buissons secs...
L'avantage qu'il y a à suivre une route d'une certaine importance, ce sont ces infrastructures que nous utilisons pour nous protéger du soleil brûlant les premiers jours. Cela est possible évidement quand le sable soufflé par le vent n'a pas bouché les tunnels...
On se demandait pourquoi il y avait autant de tunnels pour évacuer l'eau, à peu près tous les 2 km. Et puis une nuit, on a compris... : la pluie peut vraiment être très forte ! Jusque là, on avait eu quelques petites ondées qu'on trouvait même agréables car elles humidifient l'atmosphère (15% d'humidité en moyenne) et refroidissent un peu les ardeurs du soleil. Mais là, toute la nuit c'était un peu long, même si au matin, on a pu repartir à peu près au sec dans la brume. Un truc sympa par contre avec la pluie, c'est que plein de petites graines se dépêchent de germer avant la prochaine canicule. On a presque pu voir leur développement à l'oeil nu dans le sable ! Les bords de route sont une aubaine pour ces plantes car le bitume canalise l'eau d'une surface importante et arrose bien les abords.
Ce jour là, on est plus ou moins passé entre les averses, mais on n'a pas échappé au vent très froid de plus en plus violent et venant du nord-ouest. En quelques heures, on a perdu une vingtaine de degrés et réappris à marcher face au vent, secoués par les bourrasques. Pas très sympa tout ça. On ressort les bonnets et les polaires, il faut être adaptable dans le Gobi ! Avec le vent vient son corollaire : la tempête de sable et de poussière. Très vite on en a plein les yeux, la bouche et le nez. On adopte alors la technique du peloton du Tour de France. Le premier fait la trace et le deuxième avec le Trollix s'abrite comme il peut. Heureusement le soir, une ancienne maison qui a apparemment servi depuis à parquer divers troupeaux va nous abriter. Avec le vent qui souffle dehors et une couverture de survie sur le sol, on s'en accommodera tout à fait ! Le lendemain on arrive fourbus et poussiéreux à Erlian, la ville frontière.