On en a rêvé, on l'a fait !
Après trois mois et demi de marche, nous l'avons enfin atteint. Il a peuplé nos visions les plus folles quand nous avancions dans les sables du Gobi et s'est rapidement imposé comme l'un des buts de nos efforts. Sa simple évoquation a suffit à étancher notre soif, à nous donner l'impression que nous étions propres comme un sous neuf. Chaque dune nous laissait croire qu'elle le cachait jalousement et que nous allions enfin le découvrir une fois l'obstacle gravi.
Nous sommes incroyablement conditionnés par nos habitudes et notre histoire. Transpirant sous le soleil ardent, les pieds dans le sable, nous ne pouvions nous empêcher de croire que nous allions sous peu tomber sur un vaste volume d'eau dans lequel laver toutes nos peines et rafraichir notre corps. Soleil chaleur = plage ET eau pour se baigner, non ?
Ce genre de voyage, par son inconfort matériel, permet de se defaire de certaines associations d'idées ou sensations dont nous sommes plus ou moins prisonniers. Tout le monde ne connaît pas le plaisir de s'immerger quand il fait chaud ! Et oui, il est possible de survivre en été sans la douce caresse de l'eau sur la peau ! Mais avant d'intégrer au plus profond de son être cette évidence, le manque fait souffrir, puis simplement dérange.
Au nord du Gobi nous avons été surpris par l'absence d'eau de surface et les difficultés engendrées pour tous. Alors, oui, le Baikal, la perle bleue de Sibérie s'est personnifiée au fur et à mesure de notre périple et a endossé le rôle de source de vie. Comme l'eau est indispensable dans notre mode de vie ! En avoir à volonté à portée de main est un luxe dont nous ne nous rendons plus compte. Et entre les rives du Baikal c'est 20% du volume mondial d'eau douce contenue dans les lacs et rivières qui est stockée.
Alors quand enfin nous l'avons eu sous les yeux, quand nous avons contemplé l'ampleur de son emprise, la générosité de ses paysages et la transparence de ses eaux, nous avons savouré le moment et ressenti une grande gratitude envers tous les facilitateurs rencontrés sur les chemins.
Nous sommes arrivés au but géographique que nous nous sommes fixés quand nous avons obtenu notre maigre mois de visa russe. Et nous avons en route clarifié bien des choses de notre existence, pris quelques décisions importantes pour notre futur. "Ne pas planifier, c'est planifier ses échecs" disent certains. Nous en sommes !