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Next Steppe : Un couple à pied dans le Gobi
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11 juillet 2012

De l'eau a coulé sous les ponts...

...depuis notre départ sur les routes du Gobi et du nord de la Mongolie ! Voilà plus de 3 mois que nous les arpentons, et que précisément, vivant 24h/24 dehors, nous avons quelques observations à vous faire partager sur la problématique de l'eau dans ces contrées.

Dans le Gobi, vous l'avez compris, la ressource provient exclusivement de puits. Les forages semblent fréquemment atteindre la centaine de mètre et ponctuellement même de l'ordre de 200 m... Quant à la durabilité de la ressource, nous n'avons aucune info là-dessus ! Toujours est-il que les nomades, les villageois et les citadins vivant dans les faubourgs de yourtes doivent se rendre au puits pour remplir leurs bidons, et ainsi parcourir jusqu'à plusieurs kilomètres à pied, à cheval ou en moto. Certains, vivant si loin des puits qu'ils ne peuvent s'y rendre regulièrement, possèdent une vieille citerne toute rouillée qui a déjà dû servir des générations...Autant vous dire que dans ces conditions la consommation humaine d'eau est plutôt faible... Pour résumer, elle sert à couper le lait pour la boisson, à se débarbouiller quotidiennement, à faire la "vaisselle" (25 cl d'eau pour laver les bols et couverts d'un repas ou plutôt détacher le gras, et 50 cl pour le wok...) et la lessive.
Allez, quelques chiffres pour planter le décor : un Français consomme quotidiennement 110 à 120 l, un Brésilien dépasse les 200 l et un Mongol qui va au puits ne doit pas même atteindre les 5 l. Mais nos grands-mères campagnardes connaissent bien tout cela ! Les bêtes, qui ont aussi besoin de boire, vont s'abreuver au forage.
Dans le Gobi qui est relativement plat, nous n'avons vu que quelques très rares lits de petits cours d'eau, témoins qu'a certaines saisons, les précipitations ou la fonte des neiges sont suffisantes pour créer un ruissellement. Nous avons alors transporté sur le Trollix jusqu'à 5 jours d'eau, soit 25 l, et évidemment partagé avec les imprudents en panne sur le bord de la piste, tout comme nous avons accepté avec reconnaissance les bouteilles qu'on nous offrait. 

Depuis UlaanBaatar, la pluie tombe mais ne fait toujours pas déborder le vase : toutes les vallées sont creusées de profonds lits de ruisseaux, mais seules quelques flaques subsistent, le reste s'infiltrant ou s'évaporant au fur et à mesure. Pour vous donner une idée, il pleut 160 mm en juillet à UlaanBaatar, alors que le mois le plus pluvieux à Paris, le beau mois de mai, ne voit passer que 60 mm...Les conséquences pour les nomades et nous sont simples : on est mouillé, tout est humide, mais toujours pas le moindre petit ru pour se désaltérer ! C'est un monde étrange que cette vaste steppe tantôt délavée par des heures de pluie tantôt produisant des volutes de vapeur au soleil, mais dépourvue de ruisseaux...
Par conséquent, en cette saison, les nomades et les villageois sont aussi dépendants de puits.

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Mais comme pour compliquer encore un peu leur quotidien, la steppe héberge quand même quelques rivières qui coulent toute l'année. Mais il s'agit là non pas d'un petit ru d'eau fraîche et claire de fond de vallée, mais de larges rivières à l'eau trouble. En été, elles sont infranchissables à gué, et imposent de longs détours pour rejoindre les trop rares infrastructures. L'Orhon, qui prend sa source à la capitale et va se jetter dans le Baïkal est une de ces barrières naturelles qui nous a dicté notre itinéraire. Sur les 150 km les plus septentrionaux on ne peut le traverser que par 2 ponts et 1 ou 2 bacs. Et pourtant, ni sa largeur (50 à 200 m), ni la vitesse de son courant (la Seine rougirait devant ses méandres), ni sa profondeur (probablement moins de 2 mètres dans les passages les plus larges) n'en font un défi technique pour nos amis du Génie Civil.
Les Mongols ne savent pas nager et ne s'aventurent jamais dans les cours d'eau. Même lors des chaudes journées que nous avons passées, nous n'avons jamais vu aucun des nombreux enfants désoeuvrés en ces mois de vacances jouer dans quelque bras d'eau calme.

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L'Orhon, son bac, ses meandres...

Tout cela nous amène une profonde réflexion sur le fait de s'installer et de faire sa vie dans une zone où il n'y a pas d'eau en surface. Toutes les régions traversées sont dans ce cas là au moins une partie de l'année. Cela nous paraît extrêmement étrange et à vrai dire ne nous viendrait pas à l'idée. L'eau est quand même un des paramètres indispensables à la survie ! Qu'est-ce qui pousse ces gens à rester sur des terres si hostiles ? Et surtout, avant l'arrivée des puits, comment faisaient les Mongols pour survivre ? Étaient-ils cantonnés uniquement le long des rivières intarissables, soit sur une infime partie du territoire ?

Enfin, cela bouscule aussi nos références. De fortes pluies et des paysages verdoyants ne sont pas forcément synonymes d'un réseau hydrographique hyper ramifié comme en France. Et malgré des collines surplombant de plus de 200m les fonds de vallée, point de source pour faire scintiller sur les versants ensolleillés de fins serpentins cristallins.

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Commentaires
A
Les Brésiliens avec 200l /jour ne sont pas les champions. Les Américains consomment en moyenne 350 l/jours, soit 3 fois plus que les français.
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